Marchienne est une commune qui fait partie de la ville de Charleroi, elle-même au centre d’une agglomération d’environ 300.000 habitants située à 60 Km au sud-est de Bruxelles.

S’étendant le long de la Sambre, elle doit son développement et sa prospérité à l’exploitation du charbon qui, à partir du XIXème siècle notamment, a engendré l’apparition d’industries sidérurgiques et métallurgiques ainsi qu’une grande quantité d’entreprises annexes.

Aujourd’hui, les mines sont fermées mais la sidérurgie est toujours en activité, au cœur même de la ville, ce qui fait de Marchienne la commune la plus polluée de Belgique. Le visage de la cité a complètement changé depuis l’après guerre car, désertée par la population belge, elle est aujourd’hui habitée par 60% d’étrangers (Italiens, Polonais, Turcs et Nord Africains) de sorte que notre petite communauté protestante côtoie trois Églises Catholiques ainsi que trois mosquées.

Le territoire ecclésiastique de la paroisse couvre tout l’ouest de l’agglomération carolorégienne, de la commune industrieuse aux régions plus rurales des contreforts de la vallée de la Sambre (en direction de la France) et jusque la ville de Thuin.

Les premières réunions protestantes dans la commune sont mentionnées en 1888. En fait, quelques familles marchiennoises fréquentaient déjà l’Église de Charleroi fondée plus de quarante ans auparavant mais, l’œuvre se développant, la nouvelle station de Marchienne fut officiellement fondée en 1894.

Le premier pasteur arrive en 1895, il s’agit de William Merminod …. (un Suisse) et un temple (l’actuel) est construit en 1897. Les débuts sont difficiles à cause notamment de l’opposition du clergé catholique et il faut toute la persévérance, parfois l’habileté (les cultes auront lieu parfois le soir pour éviter aux participants « d’être reconnus ») voire la ruse (achat du terrain pour construire le temple via un « homme de paille ») des pasteurs et responsables pour mener à bien le développement de la communauté.

Au gré des crises économiques, des deux guerres mondiales, des inévitables périodes de déclin comme des périodes d’extension et d’évangélisation, la vie communautaire s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui.

L’Église belge pourra heureusement compter pendant de nombreuses années sur l’aide et la solidarité des Églises de suisse. Par exemple à Marchienne, beaucoup de conducteurs spirituels viendront de Suisse ; les uns comme pasteurs en titre, d’autres comme évangélistes ou pasteurs consulents : William Merminod, Jules.A Gindraux, Paul Jaccart, Louis Noir, Fernand Daepen, Jules Nicolet, Blaise Roulin …

et même plusieurs de Genève : Robert Ostermann, Julien Erni, Roger Wyler, Daniel Buscarlet, Frédéric Brocher, …

L’œuvre de la société de tempérance rattachée dès 1898 à l’Étoile bleue, a été une composante importante de la vie paroissiale jusque aujourd’hui.

La desserte de la communauté n’a pas été un long fleuve tranquille car durant de nombreuses années, elle a été partagée avec d’autres paroisse des environs. Si on ajoute à cela que la durée moyenne des ministères était de 2,5 ans (avant 1970), on comprend que son évolution n’aie pas été « linéaire ».

Depuis 40 ans maintenant, la communauté organise très régulièrement des activités œcuméniques. Il faut dire que Julien Erni, en poste à Marchienne dans les années vingt, avait montré la voie : ancien séminariste, il fut co-fondateur de la ligue pour l’unité des chrétiens.

Études bibliques mensuelles, expositions bibliques, chorale, voyages, excursions, conférences, participation à des projets de diaconie, célébrations communes pendant l’Avent et pendant toute la Semaine Sainte. Nous « pratiquons » également des « échanges de chaires » et l’hospitalité eucharistique.

Enfin, des contacts sont aussi vécus avec des communautés musulmane et juive de la région grâce notamment à la participation de la communauté aux activités du GRAIR : Groupe de Rencontres et d’Actions Inter-Religieuses de Charleroi.

Le temple protestant peut étonner par sa modestie, sa nudité. La raison profonde de cette sobriété tient dans la volonté de ne pas confondre émotion religieuse et émotion artistique et de ne pas laisser celle-ci usurper la première place dans le culte. Le protestantisme, fidèle à sa préoccupation constante de la pureté du sentiment chrétien, redoute en effet les confusions qui pourraient amener à substituer des impressions artistiques à l’impression authentiquement religieuse. Il se refuse ainsi à enrichir ses cultes d’éléments étrangers à son inspiration profonde et qui sont souvent contraires aux principes de la Réforme et de l’Évangile.

De ce fait, les images sont absentes des temples pour des raisons théologiques. La Réforme n’a rien contre l’art en soi. Mais les protestants considèrent qu’il faut recevoir le deuxième commandement et estiment que l’image ne peut faire partie du mobilier ecclésiastique. Aussi écartent-ils toute image concernant Dieu, Jésus-Christ, et surtout la vierge et les saints, dont rien dans la tradition biblique ne permet d’établir le culte qui leur est adressé.

Il en est de même pour les sacramentaux, eau bénite, scapulaire, cierges, cloches, et toutes les significations qui leur sont attachées, sont absents du temple réformé. Ils n’ont en effet aucune valeur salutaire, seules la grâce et la foi étant opérantes en ce domaine.

Le centre du culte est la Parole. Non pas l’effort du prédicateur pour faire écouter sa parole, mais l’effort pour trouver dans la Bible une parole de Dieu qui, expliquée, commentée, permette à chacun d’entendre à son tour retentir dans son cœur cette Parole venue de Dieu, sans laquelle il n’y a pas, pour les protestants, de prière allant jusqu’à Dieu.

Le temple s’organise donc autour de la chaire, surélevée et le plus souvent placée au centre ou dans un endroit bien visible quelle que soit la place où l’on se trouve. La place la plus importante est ainsi donnée à la Parole, entendue, écoutée, proclamée, prêchée. La prédication est en effet un enseignement qui vise à connaître l’Écriture. Elle est aussi la proclamation d’un message qui vise à convaincre, persuader, enthousiasmer. Elle est par ailleurs une actualisation de la Parole de Dieu. Elle fait enfin parvenir au protestant le témoignage de la Parole : la révélation que Dieu donne de lui-même en Jésus-Christ.

La Bible est donc l’outil de base et le fondement de la vie de tout protestant. La lecture de cette Bible se fait, non pas « au pied de la lettre », mais avec un certain sens critique, en cherchant à replacer tout passage dans son contexte pour en trouver une signification actuelle. La Bible n’est pas considérée comme une somme dogmatique ni comme un code moral, mais comme la nourriture privilégiée de la réflexion et de la vie spirituelle. Dans le protestantisme, il n’y a pas d’autorité dogmatique, ni d’excommunication, ni de commandement d’ordre éthique. Ce n’est pas l’Église qui détermine ce qu’il faut croire ou faire. La liberté individuelle est une valeur fondamentale. Chacun est responsable de sa foi et de son comportement et est appelé à réfléchir par lui-même pour construire ses propres convictions à partir de la Bible.

Est un moment privilégié de formation et de rassemblement pour la communauté. Il est public. Tous ceux qui cherchent, d’où qu’ils viennent peuvent y assister. Le prédicateur est avant tout un homme qui a de solides connaissances bibliques et théologiques. C’est le plus souvent le pasteur, théologien et spécialiste de la Bible, qui aide et stimule la recherche de chaque protestant. Il est l’animateur de la communauté. Il ne possède aucun pouvoir particulier ni pour accorder le pardon (chacun est responsable devant Dieu et Dieu seul) ni pour célébrer les sacrements. Il peut se marier. Tout ce qu’un pasteur fait, un laïc peut le faire s’il en est chargé par la communauté : culte, bénédiction de mariage, obsèques… Le sacerdoce universel, principe moteur de la Réforme, instaure une place identique au sein de l’Église à chaque baptisé, pasteur ou laïc.

Ainsi l’Église est considérée comme une organisation humaine de chrétiens qui se réunissent pour vivre ensemble leur foi et pour se donner les moyens d’avoir une aide dans leur propre recherche. Elle n’est pas une institution divine. En désacralisant l’Église, la Réforme rappelle en même temps la nécessité pour le chrétien du témoignage et de l’engagement dans le monde. Le sacerdoce universel, en supprimant les frontières dans l’Église, appelle à leur suppression dans le monde. Pour le protestant, c’est dans la cité et ses réalités sociales et humaines que doit se vivre l’Évangile.

Les protestants sont par ailleurs très attachés à l’organisation démocratique des Églises. Chaque Église locale est dirigée par un consistoire élu pour quatre ans par l’assemblée des membres de l’Église. Chaque consistoire délègue un ou plusieurs de ses membres, en plus du pasteur, au synode régional qui lui-même choisit ses délégués au synode national qui procède à l’élection d’un président

En organisant son culte autour de la Parole, le protestantisme utilise un minimum de moyens extérieurs. Dans tous les temples se dresse la Table de la communion dans les Églises de tradition réformée, La plupart du temps, elle porte une bible ouverte. La sainte Cène, comprise de manière purement symbolique, y est célébrée. Le pain reste du pain, le vin reste du vin, mais ils représentent, pour celui qui le veut en les recevant, la personne et l’œuvre du Christ.

Le plus souvent sur le mur du fond se trouve une croix, symbole de l’œuvre de la mort et de la résurrection du Christ. Dans les Églises luthériennes, il n’est pas rare de trouver un Christ sur la croix, (crucifix) que les Églises réformées ne conçoivent pas puisque la victoire de Pâques ne réside pas dans la mort mais dans la Résurrection, espérance des croyants. Pour eux, le Christ est au ciel et sa souffrance a eu lieu une fois pour toutes. La croix n’est apparue dans les temples qu’au milieu du XIXè siècle, à la suite du mouvement de réveil des Églises protestantes venant d’Angleterre.

Elle est depuis le XVIIè siècle l’insigne des protestants. Son origine demeure mystérieuse. Certains attribuent son invention à un orfèvre nîmois qui se serait inspiré de la croix du Languedoc. D’autres estiment qu’elle serait issue de la croix de l’ordre du Saint Esprit qui lui est semblable, la colombe n’étant cependant plus inscrite dans la croix mais pendante au-dessous. Par l’adoption de cette croix, les protestants se démarquent de la croix latine, pour eux de sinistre mémoire du fait des persécutions catholiques. La croix huguenote rappelle les béatitudes par ses huit pointes, munies de boutons par allusion à ce que l’on place sur l’extrémité d’un fleuret d’escrime pour le rendre inoffensif. Les branches de la croix sont retenues par un motif ciselé circulaire,(au départ quatre lys qui voulaient montrer la fidélité au roi) et qui stylisés rappellent la couronne d’épines du Christ, et forment entre les branches un cœur évoquant l’amour du Christ pour l’homme. La colombe qui pend représente le Saint-Esprit. Certaines croix anciennes montrent une goutte à la place de cette colombe. Cette goutte a été interprétée comme une larme ou une goutte de sang rappelant les persécutions, mais il est plus probable qu’il s’agisse d’une langue, comme les langues de feu que reçurent les disciples le jour de la Pentecôte.

Parler d’austérité, ou même simplement de sobriété à propos de l’architecture des temples protestants paraît excessif car dès que c’était possible, les protestants ont fait usage d’éléments modernes de décor, ils ont utilisé un style architectural à la mode et fait appel aux plus grands architectes, ils ont employé des matériaux de qualité . Il faut avant tout se rendre compte de leur spécificité. La modestie des constructions s’explique aussi par le peu de moyens et la rapidité avec laquelle il fallait les édifier.

Après sa Résurrection, Jésus, sur les bords du lac de Tibériade, prépare un repas pour les disciples. Sur un feu de braise, il leur apprête du poisson. Déjà lors des multiplications des pains, il avait fait distribuer du poisson aux foules affamées. Pour désigner ces poissons, l’évangile de Jean emploie le mot « Opsarion », tandis que pour les cent cinquante trois gros poissons de la pêche miraculeuse il a recours au terme ichtys. C’est ce dernier terme qui sera exploité par la tradition chrétienne. L’hébreu connaît également deux mots pour désigner le poisson : nun et dag. Très tôt le poisson deviendra un symbole majeur du christianisme primitif. Dans la basilique byzantine de Bethléem, une mosaïque de la période constantinienne porte l’inscription grecque Ichtys (poisson). De nombreuses lampes à huile byzantines sont décorées avec le symbole du poisson.

En grec, la langue des évangiles, le mot poisson s’écrit « ichthus ». Chacune des cinq lettres grecques est le début d’un titre christologique que l’on traduit : Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur. L’interdépendance entre l’idéogramme – ICHTHUS – et la représentation graphique du poisson s’est imposée rapidement chez les premiers chrétiens. Mais dès le début du IIIe siècle, l’origine du symbole était déjà probablement oubliée. Il devient donc plus pertinent de parler de la signification du symbole en proposant deux hypothèses parmi les plus intéressantes.